Olivia et Arnaud avaient atterri dans une chambre tout à fait similaire à celle trouvée dans la grande pyramide, à l’exception qu’une gigantesque statue d’or représentant la déesse Bastet emplissait presque tout l’espace. Ses yeux étaient de saphir et un ankh majestueux constitué du plus gros rubis que l’on puisse imaginer avait été apposé sur son cœur. Par ici, leur indiqua la voix qui leur avait souhaité la bienvenue quelques instants auparavant. Docteur Livingstone, I presume ? Interrogea Arnaud en tendant sa main à Olivia pour l’aider à se relever : quoi ? j’ai toujours rêvé de dire ça... Non, mais le docteur Livingstone est là-bas, répondit la voix mystérieuse, je pourrais vous le présenter si vous voulez. Venez. Les deux archéologues émergèrent de la petite pièce et arrivèrent sur une plage paradisiaque. Bas ? S’écrièrent-ils de concert. En chair et en poils, répondit le chat aux yeux d’émeraude, une expression presque humaine sur le visage. Si vous pouviez voir vos têtes, c’est impayable. Enfin, on nous attend, suivez-moi. Arnaud, pince-moi, je rêve, dit Olivia en écarquillant les yeux et en s’accrochant au bras de son mari. Tout aussi stupéfait, Arnaud prit la main de sa femme et suivit le félin qui les guidait de sa démarche gracieuse. Sur leur chemin, les deux archéologues croisèrent des chats de toutes les races et de toutes les couleurs : angoras au pelage de neige, chartreux aux yeux jaunes et persans aux yeux bleus, chats léopards et abyssins, lynx tachetés et sphinx dorés, bombay ombrageux et siamois élégants à la tête cerclée de noir, tonkinois au regard de mer et ocicats à la robe fauve, pixie-bobs à la queue ridicule et norvégiens à la fourrure épaisse ou encore sacrés de Birmanie aux gants blancs. La plupart les ignoraient, d’autres leur montraient tout juste un intérêt poli. Seule une chatte d’une beauté spectaculaire se leva de sa place pour rejoindre le petit groupe. Son poil était ivoire et son regard ressemblait à une nuit étoilée. Bas l’accueillit d’un geste respectueux et les conduisit jusqu’à un palais gigantesque dont les portes d’or bardées de hiéroglyphes multicolores étaient gardées par des deux sphinx géants. A l’approche des visiteurs, les colosses penchèrent dangereusement la tête, mais Bas les rassura d’un geste et continua tranquillement son chemin. Avancez, les encouragea Bas en voyant que Olivia et Arnaud s’étaient arrêtés, vous n’avez rien à craindre. L’intérieur était comme un rêve. Un premier jardin intérieur entouré de palmiers géants et de colonnes d’une hauteur démesurée recouvertes de dessins somptueux accueillait les visiteurs et les guidait vers un grand escalier de marbre. À gauche de l’escalier se trouvait une merveilleuse piscine d’eau translucide alimentée par des canaux creusés dans le même matériau et le clapotis de l’eau sur les dalles agissait comme un baume sur les cœurs et les âmes des visiteurs troublés. À droite de l’escalier l’on pouvait distinguer une roseraie contenant toutes les espèces de roses existantes afin d’inviter les visiteurs à se perdre dans un arc-en-ciel de couleurs et de senteurs prodigieuses. Bas prit le chemin de gauche, dépassa la piscine et s’arrêta finalement devant un mur d’apparence quelconque. Il posa sa patte contre un relief invisible à l’œil nu et une porte dérobée s’ouvrit sur un étroit passage souterrain. Un raccourci, dit Bas en souriant, venez je suis sur que ça va vous plaire. Les deux chats s’engouffrèrent dans le tunnel. Arnaud et Olivia échangèrent un regard, puis Olivia se mit à quatre pattes et les suivit. Arnaud fermait la marche. Le tunnel était éclairé par une lumière de lune et décoré de hiéroglyphes magnifiques dans lesquels Arnaud et Olivia reconnurent le récit de la création de l’univers par le dieu Atoum et ses enfants, Chou et Tefnout. L’artiste avait représenté Atoum sous la forme d’un soleil aux rayons infinis ensoleillant la ville sacrée d’Héliopolis. Tefnout, la première déesse, était assise sur un trône d’or au-dessous de son père avec une balance dans les mains tandis que Chou, le dieu du vent, se tenait dans les airs et soufflait son souffle divin sur le monde pour engendrer la vie. C’était sans aucun doute la plus belle représentation de l’origine du monde qu’ils avaient jamais vu. Soudain, ils entendirent un grand bruit et toutes les lumières s’éteignirent. Une obscurité totale avait envahi le couloir. Bas ? appelèrent-ils. Bas, tu es là ? Mais le chat avait disparu. Les deux archéologues n’entendaient plus que le bruit de leur respiration qui soulevait une poussière invisible. Arnaud essaya de se retourner pour actionner une ouverture vers l’extérieur mais le passage était trop étroit. On n’a pas le choix, dit-il à sa femme, il faut avancer. Olivia soufflait bruyamment. Arnaud pouvait sentir ses tremblements nerveux et les larmes qu’elle retenait de verser. Elle avait terriblement peur du noir. Arnaud l’encourageait doucement à avancer. Tout à coup, elle hurla. Olivia, qu’est-ce qui se passe? s’inquiéta Arnaud, mais l’archéologue n’entendait plus rien. Olivia ? Olivia, tu es là ? Cria Arnaud en avançant plus rapidement dans le passage. Il se sentait étrangement oppressé comme si les parois se rapprochaient de lui. Une goutte de sueur coula dans son cou. Il capta un éclair jaune à sa droite et ressentit une vive douleur sur son bras, comme si on l’avait mordu ou griffé. Bas ? Il y a quelqu’un ? Appela Arnaud désespérément. Un autre bruit se fit entendre dans le mur, comme un gong que l’on frappe et dont l’écho se répercute pour l’éternité. Arnaud n’eut plus de doute. Le passage se refermait sur lui. Il courait maintenant aussi vite qu’il lui était possible dans sa position pour échapper au piège mortel dans lequel il était tombé. Dans un élan désespéré, il se projeta en avant et émergea dans une pièce baignée de lumière. Bas attendait à côté d’un petit bassin d’or. Sa sublime compagne avait disparu. Je me doutais que vous alliez vous arrêter pour regarder... Commença Bas mais, voyant l’air horrifié d’Arnaud et le sang qui coulait de sa blessure au bras, lança, alarmé : Arnaud, que se passe-t-il ? Où est Olivia ?
A suivre...