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Episode 1 - la chambre secrète

Dernière mise à jour : 8 janv. 2021


Et Bastet, fille du dieu soleil, emportât les femmes et les hommes dans une cité inconnue ; et les femmes étaient parées de bijoux étincelants qui aveuglaient ceux qui observaient les embarcations depuis les rives du fleuve sacré ; et les hommes jouaient une musique que seuls ceux qui se trouvaient sur les barques divines pouvaient entendre. Car ceux-là avaient découvert le secret de la vie éternelle et déjà ils avaient quitté le monde des hommes. Arnaud arrêta Olivia dans sa lecture et posa un doigt ganté sur la clé de vie gravée dans le mur. Comment tu sais qu’il s’agit de la vie éternelle ? Olivia soupira. Parce que ce n’est pas la première fois que nous trouvons cette référence associée à Bastet. Tu préfères que je le traduise par : et ceux-là avaient découvert le secret de la vie et déjà ils avaient quitté le monde des hommes ? Arnaud lui lança un regard entendu. Mais enfin, c’est pareil, s’agaça Olivia. Pas du tout, les mots ont un sens. Le secret de la vie et le secret de la vie éternelle, ça ne veut pas dire la même chose. Comme d’habitude, tu lis ce que tu as envie de lire. Les deux archéologues s’affrontèrent un moment du regard. On a besoin d’une petite pause je crois, dit Arnaud, allez viens, on sort prendre l’air. Olivia regarda le mur à regret, puis emboîta le pas de son mari. Ils avaient découvert cette pièce secrète lors de fouilles organisées dans la pyramide de Khéops. Elle avait été dissimulée dans une fausse chambre, c’est-à-dire créée par les maîtres artisans de la vallée des rois pour abuser les pilleurs de tombe. La fausse chambre ne contenait qu’un sarcophage vide, une urne funéraire brisée et des centaines de hiéroglyphes de toutes les formes et de toutes les couleurs. Cependant, l’équipe en charge des fouilles avait déterminé qu’il ne s’agissait en fait que d’un gigantesque charabia, comme si les peintres royaux étaient venus s’entraîner à tracer des symboles dans cette pièce avant d’aller peindre des histoires éternelles sur les murs du tombeau du grand pharaon. C’est l’urne qui avait attiré l’attention d’un couple d’archéologues français, spécialiste d’Égypte ancienne et d’écriture hiéroglyphique. À la base de l’urne avait été gravée un ânkh, symbole de la vie éternelle chez les égyptiens. L’ânkh était associé à la déesse Bastet. Or, l’artiste n’avait pas choisi de représenter la déesse à tête de chat sur le couvercle. Il avait représenté Thot, le dieu de l’écriture. Faute malheureuse ou bien 2 geste délibéré de la part de l’artiste ? La mythologie égyptienne regorgeait d’exemples montrant que les architectes royaux avaient rivalisé d’ingéniosité pour protéger leurs plus grands trésors du commun des mortels. Le couple avait demandé au gouvernement égyptien une autorisation d’aller examiner la fausse chambre et avait procédé à une analyse minutieuse de chaque symbole présent sur les murs. Cela leur avait permis de se rendre compte qu’à un endroit précis de la chambre, trop bas pour que l’œil humain s’y arrête, on trouvait exactement les mêmes symboles. Le couple avait alors eu l’idée d’appuyer simultanément sur la clé de vie et sur l’œil à moitié ouvert et une porte tout juste assez grande pour laisser le passage à un homme s’était ouverte dans le mur. C’était sans aucun doute la plus grande découverte archéologique depuis qu’Howard Carter avait découvert le tombeau de Toutankhamon dans la vallée des rois. La chambre secrète ne contenait pourtant ni cercueil d’or et lapis-lazuli ni fauteuil d’ébène et d’ivoire ornementé de feuilles d’or. Il n’y avait ni masque d’obsidienne ni scarabée d’émeraude. Il n’y avait aucune statuette d’albâtre, ni coffre décoré de pierreries, ni trompettes d’argent. En fait, il n’y avait rien du tout, sauf des dessins et des hiéroglyphes mais d’une précision et d’une beauté sans pareille, si extraordinaires qu’ils donnaient à ceux qui les contemplaient l’impression d’avoir pénétré dans un rêve ; en sortant de la pyramide, les deux archéologues restèrent un moment décontenancés. L’aube était en train de colorer le ciel d’Égypte d’un joli rose pastel. Sans un mot, ils regardèrent le soleil se lever. Puis, Olivia se sentit soudain très lasse, sa tête lui tournait et sa gorge lui paraissait aussi sèche qu’un papyrus vieux de trois mille ans. Tu peux me passer la gourde ? réussit-elle à articuler en tendant la main. Viens la chercher, lui répondit son mari. Olivia fronça les sourcils, se retourna puis remarqua l’air inquiet d’Arnaud ; alors elle se rendit compte que son corps l’avait déjà ramenée à la porte. Un pas de plus et la pyramide l’avalait à nouveau.


A suivre...

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