Résumé des trois premiers épisodes : deux égyptologues français, Olivia et Arnaud, trouvent une chambre secrète dans la grande pyramide de Khéops. La légende dit qu'elle dissimulerait le chemin d'accès à la vie éternelle promise par la déesse Bastet à un petit nombre d'élus. Au péril de sa vie, Olivia parvient à déchiffrer le message contenu dans les fabuleux hiéroglyphes qui recouvrent les murs et obtenir la localisation d'une île mystérieuse située au milieu du désert. Mais attention, hors du rêve, jamais le temps ne s'arrête.
Olivia et Arnaud s’engagèrent sur les dunes brûlantes, si chaudes qu’aucune végétation ne poussait à des kilomètres à la ronde, si chaudes qu’aucun animal ne pouvait y survivre sinon le cobra royal à couleur d’obsidienne, incarnation de l’œil de Ré, protecteur des dieux et des pharaons. Le soir du quatrième jour, ils arrivèrent au point censé se retrouver à l’extrémité du bras gauche de la clé de Khéops. Il n’y avait rien ; rien que des dunes à perte de vue. Je ne comprends pas, murmura Olivia, ça devrait être là. Peut-être que si on va un peu plus loin... Arnaud descendit de son chameau et s’épongea le front avec un mouchoir. Non, il fait déjà trop noir. Nous avons besoin de nous reposer et les chameaux aussi. Il vaut mieux s’arrêter. Il retira les nacelles du dos de sa monture et récupéra de quoi allumer un feu. Tu m’aides ? Olivia descendit de son chameau, le débarrassa de sa selle et entreprit de sortir un bidon d’eau pour préparer le diner. Là, elle étouffa un cri. Qu’est-ce qu’il y a ? S’inquiéta Arnaud. Les bidons ont explosé, répondit-elle en fouillant frénétiquement dans le sac. Je n’ai plus d’eau. Et toi ? Arnaud regarda dans son sac. Un seul... Le matin suivant, en se réveillant, Arnaud trouva un mot glissé dans son sac. Mais c’est pas vrai, dit-il en ravalant un juron et en rangeant vivement ses affaires. Les traces d’Olivia étaient encore visibles dans le sable. Elle ne pouvait pas être partie bien loin. Il se précipita derrière elle. Tout à coup, un grondement se fit entendre dans les dunes. Arnaud se retourna et ses yeux s’agrandirent d’horreur. Une tempête de sable fonçait sur lui. Il sauta sur le sol, couvrit les yeux et la bouche de l'animal terrifié, s’enveloppa lui-même dans une écharpe et continua d’avancer, un bras devant son visage et l’autre s’agrippant au cou de sa monture. Des grains s’infiltraient dans sa gorge et menaçaient de l’étouffer. Des larmes sèches et douloureuses coulaient sur ses joues. Olivia, hurlait-il, à travers le tissu, Olivia. Le chameau lança soudain un cri de détresse et fit un écart. Comme dans un rêve, le jeune archéologue se sentit poussé du haut de la dune et la corde qui le maintenait à l’animal lui échappa des mains. Il roula plusieurs mètres sur le sable dur et la frontière entre le ciel et la terre cessa d’exister. Il n’y avait plus que le sable. Plus que le sable. Cette fois, c’est la fin, pensa-t-il en se recroquevillant sur lui-même. Il était seul, seul au milieu d’une tempête qui allait l’avaler et le désert serait son tombeau comme il avait été celui de tant d’autres explorateurs avant lui. Sa dernière pensée fut pour Olivia. Il espéra qu’elle avait pu se mettre à l’abri. Puis, il ferma les yeux et se prépara à être emporté. L’instant d’après, il sentit une présence au-dessus de lui. C’était la mort qui venait le chercher. Il réalisa confusément que la main de la mort était soyeuse comme une fourrure et se laissa aller à ce contact chaud et rassurant. Lève-toi. Il s’étonna d’avoir toujours mal. Ses poumons le brûlaient, ses yeux étaient douloureux, du sable lui cinglait le visage. Lève-toi, Arnaud. Ton heure n’est pas venue, protégé de Thot. Il secoua la tête. Il n’était pas mort. Il entendait une voix qui l’appelait dans le vent et l’enjoignait à continuer. Il se releva péniblement et tenta de déterminer d’où venait la voix. C’est alors qu’il aperçut une silhouette indistincte dans le lointain. Il marcha vers elle jusqu’à ce que ses pieds ne puissent plus le porter ; alors il s’écroula. Il rêva qu’il rebondissait sur un océan de nuages blancs et moelleux au-dessus d’une mer turquoise ; et au milieu de la mer, une île ; une île habitée par des chats.
Il ouvrit les yeux. Une main lui appliquait délicatement une compresse sur le front et des yeux inquiets scrutaient son visage. Il leur adressa un sourire fatigué et Olivia éclata en sanglots. J’ai cru que je t’avais perdu pour toujours , dit-elle en s’élançant dans ses bras. Il lui caressa doucement les cheveux. Pourquoi tu es partie sans moi ? Elle détourna le regard. Il n’y avait pas assez d’eau pour nous deux ... souffla Olivia. Et donc tu t’es dit que c’était à toi de te sacrifier... réalisa le jeune homme avant de s’énerver : Tu n'avais pas le droit de prendre cette décision sans m’en parler ! C’est n’importe quoi Olivia, tu pensais que j’allais faire quoi en réalisant que tu étais partie ? Rentrer bien tranquillement au Caire ? Te laisser mourir dans le désert ? C’était ma faute, explosa la jeune femme, tout ça. C’est moi qui ai insisté pour que nous venions mourir ici. Et ensuite il y a eu la tempête. Je me suis perdue. Comment es-tu arrivée là ? L’interrompit Arnaud. Je ne sais pas. J’ai entendu une voix dans le vent et je l’ai suivie. J’ai cru que c’était toi qui m’appelais, mais quand je suis arrivée, j’étais seule. Et toi ? Les souvenirs d’Arnaud étaient confus. Lui aussi avait cru suivre quelqu’un...ou quelque chose. Il regarda autour de lui. Où sommes-nous ? Demanda-t-il en se levant. Dans une sorte de grotte, répondit Olivia. Ou peut-être l’entrée d’un tombeau car il y a des inscriptions étranges sur le mur là-bas. Il est question d’un voyage dans l’au-delà et j’ai reconnu le sigle représentant Anubis. Mais je n’arrive pas à déchiffrer le reste. Arnaud s’approcha des symboles. Un souvenir de son rêve s’imposa à son esprit et il se mit à quatre pattes. Là, à hauteur de chat, il distingua un trou dans le mur, un trou qui figurait un cercle. Donne-moi ton amulette, dit-il. Olivia retira l’amulette de son cou et la tendit à Arnaud. Il la fixa dans le mur et attendit. Rien. Alors, il essaya de mettre ses mains de part et d’autre du bijou ; puis il suggéra à Olivia qu’ils le fassent ensemble. Mais, la jeune femme semblait s’être transformée en statue de pierre. Alarmé, Arnaud se précipita vers elle. À l’endroit où s’était trouvé le collier, une marque argentée était apparue et ses yeux avaient pris une couleur d'ambre. Elle se mit à chanter, et sa voix était légère comme la plume et claire comme l’eau. Les symboles sur le mur commencèrent à briller. Alors, un halo de lumière les entoura et ils disparurent de ce monde. Bienvenue au royaume de Bastet, bienvenue sur l’île aux chats.
A suivre...
Comments